Depuis : Mishra GuestHouse, Varanasi
Du voyage depuis Haridwar jusqu`a Varanasi on retiendra d`abord une grande fatigue (départ 6h du matin, arrivée 11h le lendemain...), ce léger vertige qui nous poursuivi encore plusieurs heures après l`arrivée, certainement dû aux 16h ininterrompue de cahots du second train, ce retour bref a Delhi, et la petite satisfaction de s'être nettement moins fait arnaquer par notre rickshaw que par le passé (nous avons payé deux fois plus cher pour une distance six foi supérieure). Ces longues heures permirent aussi pour moi une première rétrospective de ce voyage débutant, d'où ressort encore et toujours ce même paradoxe indien. Une terre qui ne vous laisse que peu de répit sans vous départir d'une profonde solitude, où la multitude, la masse, côtoie l'individualisme ; terre riche, terre vide, terre de grands espaces. Terre de résignation. Où chercher les causes de ce fatalisme ? La religion vient naturellement a l'esprit, cette conception hindouiste que la vie n'est qu'une illusion, qu'un long rêve dont la mort est le réveil assure certainement cette acceptation que les indiens ont de leur condition. Mais c'est encore je le crois trop réducteur et d'autres éléments émergeront au cours des mois qu'il nous reste sur ce presque continent.Nous sommes arrivés a la Mishra Guesthouse peu après 11h, où nous fûmes agréablement surpris de trouver un hôtel qui pour quelques roupies de plus qu'a Haridwar s'avéra être bien plus agréable que notre précédente résidence. Une chambre enfin propre, avec vue sur le Gange, eau chaude (Il fait bien trop chaud ici pour l'utiliser...) et bon accueil. Nous pensions rester deux, puis trois, mais c'est finalement dans quatre jours que nous partirons pour le Nepal.
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Quant a ce qui rempli ces heures, toute chronologie me semble inadaptée pour le narrer, aussi je me contenterais de les livrer comme elles me vinrent. Notre premier dîner fut simple, sobre, mais dans l'ambiance très particulière d'un mélange des genres unique. C'est sur fond de musique sixties, dans cet hôtel cosmopolite que nous primes ce repas indien. Et, devant nous large comme sept fois la Seine, s'étendait le Gange, rejoignant le ciel du même fris au travers de la fumée s'échappant des ghâts lors des crémations nocturnes. Seuls les quelques lumières des rares voitures, des éparses habitations de l'autre rive permettait alors de discerner l'horizon. Et, tout autour de cette terrasse, ces toits de formes, couleurs, hauteurs variées rappelant comme le fit si bien remarquer Anelyse, ceux de Walt Disney. En émergeait, tout a la fois subitement et en parfaite osmose, ces dizaines de temples et palais qui parsèment les rives du fleuve sacre. Un étrange mélange donc, du monde moderne et des rites ancestraux, des civilisations, de la vie et de cette mort si particulière ici.
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Après quelques jours ici, Benares apparaît comme cette vieille ville, l'une des plus vieille du monde, qui demeure figée dans le temps. Bien que tous ses anciens temples aient été détruits sous la domination musulmane, il émane encore d'elle cette aura spirituelle, et l'animation indienne habituelle ne semple pouvoir effacer entièrement son tragique. C'est la première fois depuis que nous sommes sur le sol indien (certes 12 jours...) que nous ressentons ce sentiment d'inaccessibilité, voile aussi épais que la fumée de ses bûchers a ciel ouvert
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Une petite tristesse quant a Benares. On aimerais observer ces étroites ruelles serpentines, ces façades vieillissantes, mais décoller les yeux du sol plus de quelques secondes est un risque certain tant le nombre de chiens, veau, vaches, chèvres, poules multiplie les excréments au sol...
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Varanasi est la ville où la mort prends un autre sens, où le cycle des réincarnations prend fin. Varanasi est pour le meilleur ou pour le pire la ville des vaches. Mais Varanasi est aussi la ville de la soie. Si elle n'est plus fabriquée ici, elle y est toujours travaillée, et bien sûr, vendue. Impossible d'y échapper, de toute façon nous étions convies dans l`un de ses magasins a peine quelques heures après notre arrivée. Rendez-vous personnalise, cinq ou six personnes qui semblent déballer la totalité de la boutique devant vous, nous nous e tirerons (si o peut dire) avec 16 écharpes, deux chemises sur mesure, et un kimono sur mesure et sur commande. Et aucun faux ! Et le tout, il faut le dire, pour un prix si ce n'est modique, au moins raisonnables. En prime, nous eurent droit a une courte visite de la fabrique, ainsi que des quelques temples places sur notre itinéraire. Reste juste a quitter au plus tôt cette ville, gouffre et cauchemar des acheteurs compulsifs ou non.
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Varanasi, comme toute grande ville indienne, possède son lot d'escrocs de tous poils. La vente forcée indienne peut être résumée en deux mots : Insistante et persévérante. La finesse venant avec l'art plus ou moins consommé du vendeur en puissance. Et ici se côtoient les deux extrêmes, du presque artiste patron du magasin de soie, aux pratiques ouvertement agressives de certains vendeurs de rue (Je te met un collier autour du cou, c'est contre les dieux de le retirer et çà fait dix roupies).Peut-être plus encore qu'a Delhi, ceux qui font leur beurre sur le tourisme pullulent. Afin de me débarrasser d'un spécimen particulièrement insistant, et a court des réfutations, je me retrouvais a dire : "C'est une rue magnifique, j'aimerais juste pouvoir en profiter calmement." La rue était vraiment magnifique. En trois jour nous ne nous en étions pas rendus compte, tout occupés que nous étions a éloigner ces "parasites"...
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Nous avions déjà remarqué que les enfants en Inde font preuve d'une grande curiosité, s'amusant d'un rien, souriant souvent... Et c'est encore plus vrai ici. Je glisserais ici un petit mot sur une petite fille de peut-être huit printemps qui fit l'affaire du siècle. Ayant trouve une pièce de deux euros, elle essaya de nous l'échanger et écarquilla les yeux quand je lui donnais la somme correspondante. Nous la revîmes plusieurs fois au cours de nos déambulations (elle peut nous repérer a cinquante mètres au milieu d'une foule dense alors que nous peinons a retrouver la rue de notre hôtel...). Toujours le sourire et les yeux pétillants, elle nous a convies a un rendez-vous demain a dix heures.PS: Elle trouve que je suis "handsome'. J'ai un ticket.